Alors, vrai ou faux ?
“La fracture numérique en France, ça ne concerne que les seniors, non ?”
🙅♀️ Faux.
C’est vrai que quand on pose la question au cours de nos ateliers : “Avez-vous dans votre entourage une personne qui n’utilise pas internet ?” – les exemples se portent presque toujours sur nos parents ou grands-parents, de plus de 70 ans.
C’est vrai aussi que quand on regarde les chiffres, seuls 63% des seniors (> 70 ans) utilisent internet, contre plus de 96% pour toutes les autres tranches d’âge.
Mais la fracture numérique, ce n’est pas seulement une histoire d’utilisation !
D’un côté, la fracture numérique dite “de premier degré” (matérielle) diminue progressivement en France : 87% des Français ont un smartphone, 85% une connexion internet, et c’est encore plus le cas chez les jeunes.
De l’autre, la fracture dite “de second degré” connaît une évolution moins réjouissante : l’enjeu aujourd’hui, ce n’est pas seulement d’avoir accès au numérique, mais de savoir s’en servir… et c’est là que les inégalités se creusent.
Tenez-vous bien : en 2022, en France, près d’une personne sur deux (48%) rencontre au moins une forme de difficulté qui l’empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet.
Une personne sur deux ! 😲
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas seulement des seniors.
Les autres personnes les plus touchées par ce qu’on appelle l’illectronisme, c’est-à-dire le manque de compétences numériques de base, sont les plus modestes, les moins diplômés, et les individus vivant seuls – ou quand la fracture numérique aggrave la fracture sociale. 💔
Et depuis la pandémie de Covid-19, ça a dû s’améliorer, non ?
Malheureusement, pas vraiment. L’illectronisme a légèrement baissé depuis la crise sanitaire, mais principalement chez les seniors, et beaucoup moins chez les plus modestes.
Par exemple, 71% des professions supérieures se sentent plus à l’aise avec les outils digitaux, pour seulement 47% des non-diplômés – et il a même été constaté une augmentation du nombre de personnes ayant des difficultés à effectuer des démarches administratives en ligne.
Finalement, les inégalités se sont plutôt creusées : en 2021, les plus modestes ont 6 fois plus de risques d’être en situation d’illectronisme que les plus riches, contre 4 fois en 2019.
Pour changer la donne, on peut prévoir des alternatives au tout-numérique, ou s’engager auprès d’une association comme Emmaüs Connect pour faire reculer l’exclusion car il y a une bonne nouvelle dans tout ça : 40% des personnes demandent de l’aide pour faire ces démarches – accompagnons-les !